Les plantes pour fabriquer des médicaments

Face aux pénuries de médicaments, et pour répondre à la demande croissante, le besoin de techniques alternatives de production est réel. Parmi elles : l’utilisation du pouvoir des plantes.

De plus en plus de spécialités pharmaceutiques viennent à manquer. Et les besoins en produits de santé ne font qu’augmenter. Pour faire face à ce double phénomène, "l’utilisation des plantes comme plateforme de production de médicaments s’avère de plus en plus efficace", attestent les spécialistes d’Alcimed, agence de conseil en innovation et développement

Vaccins anti-Covid

Cette spécialité porte le nom d’agriculture moléculaire, basée sur la production de protéines recombinantes. Les premières graines de l’agriculture moléculaire ont été plantées dans les années 1980. Mais le premier médicament, développé dans la prise en charge des patients atteints de la maladie de Gaucher, a été mis sur le marché en 2012 aux Etats-Unis.

Et en 2022, un vaccin contre la Covid-19 a été mis au point par un laboratoire québécois. Ce dernier s’est avéré être efficace après la deuxième dose à "71 % pour protéger les participants aux essais cliniques contre la COVID-19 de 18 à 64 ans", rapporte le site du gouvernement canadien. Approuvé au Canada exclusivement depuis février 2022, ce vaccin se base sur l’utilisation d’une plante de la famille du tabac, "Nicotiana benthamiana", capable de déclencher la formation des protéines S du coronavirus autour des cellules de l’immunité. Ces protéines vont ensuite mimer la présence d’un faux virus autour de ces mêmes cellules, un mécanisme efficace pour se défendre contre une réelle contamination.

 

Un peu d’histoire

Comme le rappelle Alcimed, "les plantes sont une alternative viable pour la production de protéines thérapeutiques en raison de " :

 

leur coût de production diminué : "la production par expression transitoire dans les plantes est considérée comme environ 50% plus rentable que la méthode de récolte traditionnelle de lignées cellulaires animales" ;

leur impact environnemental réduit : en se passant de réactifs d’origine animale, la production de produits thérapeutiques et de vaccins peuvent bénéficier à "certaines communautés religieuses, aux végétaliens ou aux personnes souffrant d’allergies aux animaux".

leur rapidité de production : "en comparaison avec les méthodes traditionnelles, les temps de développement dans les plantes peuvent être jusqu’à 50% plus courts."

leur scalabilité : soit la possibilité d’une production à grande échelle liée à "la récupération de grandes quantités de protéines recombinantes"

leur sécurité : "il est avantageux de produire des protéines sans protéines animales contaminantes ou endotoxines pour éviter toute interférence dans les tests avec des cellules, tissus ou organes de mammifères". Ainsi, "les systèmes cellulaires végétaux utilisés ne contiennent pas d’agents pathogènes connus pour l’homme et sont cultivés dans des serres réglementées, renforçant ainsi l’aspect bio-sécuritaire de cette technologie".