Tout savoir sur la maladie veineuse chronique
La maladie veineuse chronique est une pathologie
vasculaire évolutive. Elle est très fréquente dans les pays industrialisés et
peut avoir de lourdes conséquences si elle n’est pas prise en charge à temps.
Qu’est-ce que la maladie veineuse chronique ?
On estime qu’un Français sur trois est concerné par la
maladie veineuse chronique. Cette affection touche les membres inférieurs et
résulte d’une mauvaise circulation du sang dans les veines.
Le courant sanguin veineux se fait normalement des pieds vers le cœur. «
Pour parler simplement, une veine est un tuyau avec une paroi et des valves,
qui empêchent le sang de redescendre sous l’effet de la pesanteur, détaille le
Dr Matthieu Josnin, médecin vasculaire et président de la Société Française de
Phlébologie. Dans le cas d’une maladie veineuse, les parois et les valves sont
altérées, le sang a du mal à remonter et il va stagner au niveau de la veine. »
Cette pathologie vasculaire, qui peut rester stable ou progresser jusqu’à
entraîner de graves complications, est susceptible de survenir à tout âge.
Comment la maladie veineuse chronique s’explique-t-elle ?
Les origines de cette maladie sont avant tout génétiques. Mais
l’environnement joue aussi un rôle. « Dans nos sociétés occidentales, nous
sommes exposés à la sédentarité, au piétinement (on considère que
piétiner, c’est faire moins de sept pas) et au fait de porter des vêtements
moulants », souligne Matthieu Josnin.
Certaines professions nécessitant une position verticale prolongée
(serveur, cuisinier, coiffeur, infirmier…) exposent davantage à l’insuffisance
veineuse, tout comme celles qui obligent à rester longtemps assis
(secrétaire, chauffeur routier…)
Les grossesses, surtout si elles sont nombreuses et rapprochées,
sont également un facteur de risque. Les femmes sont d’ailleurs
statistiquement plus touchées que les hommes par la maladie veineuse chronique.
Toutefois, cette pathologie est loin d’être exclusivement féminine.
La pratique régulière et intensive de certains sports de poussée ou
de percussion, comme l’haltérophilie, le rugby, la course à pied ou le tennis
sur revêtement dur, peut également détériorer les valvules présentes
sur la paroi veineuse.
Quant au surpoids, il n’est pas non plus idéal pour la
circulation : quand les jambes subissent au quotidien une
forte pression liée à une charge pondérale élevée, le retour veineux se fait
moins bien.
Comment cette maladie se traduit-elle ?
« La maladie veineuse chronique regroupe un très large éventail de
manifestations qui vont des varicosités (soit ces toutes
petites veinules de couleur violette ou rouge violacé) jusqu’aux
ulcères, décrit le Dr Josnin. Certaines personnes ont de petites
varicosités et des symptômes ; et d’autres, à l’inverse, d’énormes varices
mais sont asymptomatiques. C’est très étonnant. »
Parmi les symptômes les plus courants, sont décrits : la
sensation de jambes lourdes (surtout en fin de journée), les
fourmillements, les impatiences (autrement dit le
besoin de bouger ses jambes, sans trouver de position confortable) les crampes
nocturnes et, dans les stades plus avancés, les œdèmes
(notamment des chevilles), l’eczéma et la dermite ocre*.
Quant à l’ulcère variqueux, qui provoque une plaie de la jambe, il
constitue « la phase terminale de la maladie veineuse chronique »,
indique le médecin. « Celui-ci a des conséquences catastrophiques sur la
qualité de vie des patients, car il met entre 6 mois et deux ans à cicatriser.
Qui plus est, la récidive après un premier ulcère est très fréquente car la
maladie a fait des dégâts et la peau est fragilisée. On déplore également tous
les ans des décès, par hémorragie, à cause de varices qui s’ouvrent à la suite
d’un traumatisme… Néanmoins, on peut éviter d’en arriver à ce stade si les
patients sont pris en charge tôt. »
*La dermite ocre est une coloration brune de la peau qui se situe, en
général, sur la partie inférieure des jambes.
Quand faut-il consulter ?
Même si vous êtes issu d’une famille à risque, inutile de vous précipiter
chez le médecin si vos jambes sont d’apparence normale et que vous ne ressentez
aucun trouble. Par contre, si vous avez des symptômes, il est important de ne
pas les prendre à la légère. « Le facteur de risque principal d’évolution des
varices, c’est l’âge : plus on vieillit, plus ça s’aggrave,
fait remarquer le Dr Josnin. Le mieux est donc de prendre la maladie tôt, pas
forcément pour opérer mais au moins pour sensibiliser. »
La prise en charge précoce est particulièrement importante pour les femmes
désirant avoir des enfants. « Il ne faut pas oublier qu’une des causes
de phlébite et d’embolie pulmonaire, c’est la grossesse. Et qu’un
des facteurs de risque d’embolie pulmonaire ou de phlébite, c’est la varice
», rappelle le spécialiste.
Le principal examen permettant de diagnostiquer une maladie veineuse est
l’écho-doppler veineux des membres inférieurs. Cette échographie, qui
s’accompagne d’une étude des flux sanguins, est indolore.
Quels sont les traitements possibles ?
La compression est le traitement de base des maladies
veineuses chroniques. La contention doit toujours faire l’objet d’une
prescription médicale, car elle est adaptée à chaque patient. « Les
chaussettes, bas ou collants sont d’efficacité égale », assure le
spécialiste.
Les médicaments veinotoniques peuvent également avoir une
utilité, même s’ils ne soigneront pas les varices. « Ils sont intéressants,
notamment l’été, quand on a du mal à porter des compressions veineuses ou en
complément de celles-ci », précise le Dr Josnin.
Au quotidien, certaines mesures d’hygiène de vie peuvent également freiner
l’évolution de la maladie, comme pratiquer une activité physique
« douce » (marche, natation, cyclisme) ou dormir les jambes légèrement
surélevées. Il convient aussi d’éviter l’exposition à la
chaleur (bains chauds, sauna, chauffage par le sol…), le port de talons trop
hauts (plus de 3-4 cm), les pantalons trop serrés
ainsi que la position jambes croisées prolongée.
Pour les stades plus avancés de la maladie, une intervention
chirurgicale (laser, radiofréquence) peut être pratiquée, en étant le
moins invasif possible et sous anesthésie locale.
Quant au procédé qui consiste à injecter un produit sclérosant dans une
varice (la sclérothérapie) il est préconisé pour : les petites varices
sous cutanées inesthétiques, les récidives ainsi que les varices résiduelles
après réalisation d’un laser ou d’une radiofréquence.