Qu’est-ce qu’une maladie cœliaque ?
La maladie cœliaque est une maladie intestinale chronique et
auto-immune liée à l'ingestion de gluten. En France, 700 000 personnes
souffriraient de cette pathologie, mais seulement 10 à 20 % d'entre elles
seraient diagnostiquées*. La seule parade pour en soulager les symptômes
consiste à adopter un régime strict sans gluten.
Douleurs abdominales, alternance de diarrhées et de constipations,
ballonnements… Confrontées à ce type de symptômes, de plus en plus de
personnes adoptent une attitude radicale. De leur propre chef, elles
n’hésitent pas à supprimer de leur alimentation tous les produits contenant du
gluten, estimant en retirer de nombreux bénéfices pour leur santé. À commencer
par une nette amélioration de leurs divers troubles.
« Pour autant, toutes ces personnes sont loin d’être d’authentiques
malades cœliaques, chez lesquels le gluten détruit sournoisement les cellules
intestinales, provoquant des troubles digestifs et extra-digestifs, alerte le
Pr Frank Zerbib, hépato-gastro-entérologue au CHU de Bordeaux.
Vraisemblablement, leurs symptômes sont plutôt liés à une intolérance à des
sucres fermentescibles** présents dans les farines. »
Quels sont les symptômes de la maladie cœliaque ?
La maladie cœliaque, ou intolérance au « gluten », est une
maladie chronique de l’intestin grêle qui concerne environ 1 % de la
population. Certaines personnes sont plus susceptibles de la développer. Comme,
par exemple, celles ayant un parent qui en est atteint ou celles souffrant de
maladies auto-immunes comme un diabète de type 1 (insulino-dépendant) ou encore
de maladies de la thyroïde et du foie. Les premiers symptômes peuvent
apparaître dans la petite enfance, le plus souvent entre six mois et deux ans,
c’est-à-dire après l’introduction du gluten dans le régime alimentaire, ou bien
à l’âge adulte, parfois même après 60 ans, sans avoir eu jusqu’alors aucun
signe avant-coureur de la maladie.
Chez les personnes atteintes de la maladie, l’ingestion d’une
substance appelée gliadine – la protéine présente dans les grains de céréales
entrant dans la composition du gluten – déclenche une réaction exacerbée du
système immunitaire. Cette réaction provoque une inflammation entraînant la
destruction des villosités (replis d’aspect poilu) de la muqueuse intestinale.
« Elle est responsable d’un certain nombre de manifestations liées à une
malabsorption des nutriments, en particulier du fer, du calcium et de l’acide
folique*** », indique le Pr Zerbib.
S’ensuivent des symptômes digestifs classiques (maux de
ventre, ballonnements, diarrhées, constipations…), bien connus des pédiatres et
des gastro-entérologues. « Chez l’adulte, en revanche, la maladie reste très
fortement sous-diagnostiquée, poursuit le Pr Zerbib. De nombreuses formes sont
peu ou pas symptomatiques (anémie, douleurs musculaires, ostéoporose, trouble
de la coagulation, syndrome dépressif…). Elles peuvent aussi être confondues
avec d’autres maladies gastro-intestinales telles que le syndrome de l’intestin
irritable ou l’intolérance au lactose. »
Le diagnostic par la recherche d’anticorps
Le diagnostic se fait par la présence d’anticorps
anti-transglutaminases au moyen d’une simple prise de sang. Chez l’adulte, les
résultats de cette analyse sanguine, s’ils s’avèrent positifs, doivent être
confirmés par une biopsie par endoscopie de l’intestin grêle. Cet examen permet
de visualiser l’état de détérioration des villosités de la muqueuse
intestinale.
« Aucun régime sans gluten ne doit être entrepris avant la
confirmation du diagnostic de maladie cœliaque, insiste le Pr Zerbib. Pour
diagnostiquer la maladie, il faut consommer la protéine sinon les anticorps
disparaissent. »
Une fois le diagnostic établi, la prescription d’examens
complémentaires est nécessaire afin de déceler d’éventuelles carences comme une
anémie ou un début d’ostéoporose.
Soigner par la suppression du gluten
La seule prise en charge thérapeutique est un régime de
suppression du gluten à suivre à vie. En général, ce régime strict améliore
l’état du patient en quelques semaines, et prévient la majorité des complications
(dénutrition, ostéoporose, problèmes endocriniens…).
Très astreignant, il n’est pas toujours facile à mettre en
œuvre, surtout s’il s’impose tardivement dans la vie. De fait, comment renoncer
au gluten, omniprésent dans l’alimentation sans bouleverser et compliquer aussi
sa vie sociale (restaurants, invitations…) ? Se rapprocher de l’Afdiag
(Association des intolérants au gluten), pour partager ses expériences avec
d’autres malades peut permettre de sortir de son isolement et d’aborder plus sereinement
un régime aussi restrictif. L’aide d’une diététicienne peut également s’avérer
très utile.
Un régime strict en cas de maladie cœliaque avérée
La liste des aliments interdits est longue, d’autant que le
gluten est employé par l’industrie agroalimentaire pour donner de la texture à
divers produits. On le retrouve fréquemment dans les plats cuisinés, mousses,
crèmes, yaourts aromatisés, sauces… D’où l’importance de bien vérifier les
étiquettes et de s’abstenir aussi lorsqu’il est mentionné « peut contenir des
traces de gluten ». Gage de sécurité supplémentaire, le logo « épi barré »
assure que le produit est exempt de tout gluten.
Renoncer aux
céréales contenant du gluten
Il faut évidemment renoncer au blé (ou froment) constitutif
de nombreux aliments comme le pain, les tartes, les biscuits, les pâtisseries
et viennoiseries, les préparations panées… Mais il faut penser à exclure de
nombreuses autres céréales contenant aussi du gluten comme l’épeautre, le
seigle, l’orge. Et également les dérivés de toutes ces céréales (semoule,
boulghour, amidon…), présents dans beaucoup de préparations.
Identifier les
sources cachées
Des produits, apparemment sans soupçons, peuvent contenir
aussi du gluten. Il est ainsi utilisé lors de processus de transformation des
charcuteries (saucisses, boudins, crèmes de foies, farces…). Amateurs de sushis
et sashimis ? Certes, le poisson et le riz ne posent aucun problème, mais il
reste difficile de les apprécier sans leur sauce soja. Or, celle-ci est une
mine de gluten ! Sans oublier que les sushis sont préparés avec un vinaigre
contenant du gluten pour agrémenter le riz. Assurant un bon « liant » au
bouillon, les épices et bouillons cubes, achetés tout prêts, contiennent aussi
très souvent du gluten dans leurs additifs.
Retrouver le plaisir de manger autrement
Il y a bien sûr les aliments diététiques sans gluten qui
fleurissent çà et là dans les rayons des supermarchés et magasins bios.
Remboursés à 60 % aux patients atteints d’une maladie confirmée par biopsie
digestive, ils peuvent être intéressants de manière occasionnelle, mais ne
peuvent constituer la solution à un régime sans gluten strict. « D’autant que
certains d’entre eux contiennent aussi plus de sucres, de gras et d’additifs
que leurs versions classiques », souligne le Pr Zerbib. Il est donc préférable
de procéder à un changement d’habitudes alimentaires.
Choisir les bons
aliments
Poissons, viandes et volailles, naturellement sans gluten,
devront être accompagnés d’autres graines et céréales. Pour remplacer le blé et
ses dérivés, on peut utiliser régulièrement maïs, quinoa, millet, manioc, riz
blanc ou sarrasin.
Miser sur les
fruits, les légumes et les légumineuses
Tous les fruits et légumes, et même la pomme de terre, sont
dépourvus de gluten. Il en va de même pour les légumineuses (lentilles, pois
cassés, fèves, haricots blancs, rouges ou flageolets…).
Se mettre aux
fourneaux
Il existe des recettes à base de farines sans gluten
mélangées (sarrasin, riz, châtaigne, fonio, millet, amarante, maïs…). Leur
utilisation permet d’éviter les additifs des pains et pâtes sans gluten du
commerce. L’association Afdiag édite un livre de recettes sans gluten pour une
cuisine de tous les jours. On peut aussi consulter Allergobox, moteur de
recherche de produits et recettes selon les restrictions alimentaires.
*Société Nationale Française de Gastro-entérologie, 2021.
**Les sucres fermentescibles sont les sucres (glucose,
fructose…) pouvant être transformés en alcool par les levures.
***L’acide folique, ou vitamine B9, est essentiel à une bonne
santé neurologique et hématologique.